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News 2005
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La vitamine E brise le coeur...

Certaines études épidémiologiques font état d'un effet protecteur de la supplémentation en vitamine E à l'égard du cancer ou des maladies cardio-vasculaires. Selon une nouvelle analyse, ces données doivent cependant être considérées avec beaucoup de prudence.

Par Nicolas Rousseau et Magali Jacobs

News du :
30 Mars 2005

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Depuis la mise en évidence du rôle des mécanismes oxydatifs dans l’étiologie du cancer et des affections cardio-vasculaires, beaucoup d’espoirs ont été placés dans les compléments alimentaires riches en antioxydants. Quelques études (dont la désormais célèbre SU.VI.MAX, pour SUppléments en VItamines et Minéraux AntioXydants, conduite récemment en France) ont montré une réduction de l’incidence des cancers suite à une supplémentation à des doses physiologiques, c’est-à-dire accessibles via une alimentation équilibrée. En revanche, d’autres apportent des résultats mitigés. Pour certains experts, l’absence de résultats pourrait être liée à la trop courte durée de la période de supplémentation.

Sept années de comprimés

S’appuyant sur ce dernier argument, une équipe internationale de chercheurs a mené l’étude HOPE-TOO (Heart Outcomes Prevention Evaluation – The Outgoing Outcomes) auprès de 4000 participants, âgés d’au moins 55 ans, ayant des antécédents cardiaques ou atteints de diabète et possédant au moins un facteur de risque cardio-vasculaire. Chaque volontaire a reçu soit une dose journalière de 270 mg de vitamine E (l’équivalent de 30 fois l’apport journalier recommandé chez l’adulte), soit un placebo, pendant 7 ans en moyenne. Verdict: aucun effet de la supplémentation sur l’incidence des cancers par rapport au placebo. Par contre, les auteurs ont constaté que le groupe qui prenait la vitamine E faisait plus d’arrêts cardiaques! Même si la différence entre les deux groupes n’est pas énorme (14,7% contre 12,6% pour le groupe placebo), elle est significative. Une cruelle désillusion!

La nature fait bien les choses

Ne tirons pas de conclusions hâtives suite à ces chiffres qui proviennent d’un échantillon particulier. On ne peut donc pas extrapoler à une population entière les effets néfastes de la vitamine E observés dans ces conditions. Néanmoins, ces résultats sont concordants avec plusieurs études de plus courte durée qui ont conclu à l’absence d’effets bénéfiques de la supplémentation à hautes doses de vitamine E.

Retenons malgré tout que la prise de suppléments nutritionnels, très en vogue, n’est pas toujours anodine. Sous l’appellation «naturel» de certains d’entre eux, se trouvent parfois des substances actives qui peuvent avoir des effets indésirables. Ceci est d’autant plus vrai si leur quantité dépasse celle qui est habituellement apportée par l’alimentation. Encore une observation de plus en faveur d’une alimentation équilibrée qui couvre nos besoins journaliers en nutriments plutôt qu’en la consommation de ces mêmes nutriments en capsules…

Magali Jacobs et Nicolas Rousseau

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Référence:
Lonn E et al. JAMA 2005;293(11):1338-47

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