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News 2003
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Du curry contre le cancer

Le principal ingrédient du curry, le curcuma ou safran des Indes, présente, in vitro, des propriétés anticancérigènes qui intéressent la recherche.

Par D.Delestienne et Nicolas Guggenbühl

News du :
02 Avril 2003

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Le safran des Indes ou curcuma est bien connu dans la médecine indienne traditionnelle, où il est utilisé pour traiter toute une variété de troubles tels que problèmes gastro-intestinaux, inflammation, maux de tête, infections et rhumes.

Le curcuma est souvent confondu avec le safran : les deux constituent un colorant jaune orangé très puissant. Mais alors que le safran provient des pistils du crocus et est très onéreux, le curcuma est issu de la racine d'une plante de la famille du gingembre (Zinngiberaceae). Nettement moins coûteux, il colore les currys et aromatise la célèbre «sauce Worcester ». On en extrait la curcumine, utilisée comme colorant alimentaire naturel (nom de code européen : E 100), notamment dans la moutarde.

Plusieurs travaux avaient déjà rapporté des propriétés anticancérigènes pour cette substance. Cette fois, des chercheurs du Texas se sont intéressés aux effets de la curcumine sur certaines cellules cancéreuses retrouvées dans le sang de personnes atteintes de myélome multiple (un cancer de la moelle osseuse). En laboratoire, ils ont mis ces cellules en contact avec de la curcumine et ont constaté que cette substance arrêtait la réplication des cellules et provoquait leur mort. Cet effet s'explique par l'inhibition d'une substance présente dans le noyau des cellules, le facteur nucléaire kappa-B, qui fait office d'interrupteur pour activer des gènes liés au cancer.

La vie en jaune

Bien que cette étude n'ait pas examiné les avantages de la curcumine chez les patients, on sait néanmoins que celle-ci, même en grande quantité, ne produit aucun effet secondaire connu chez l'homme. Cette étude ne montre pas que la curcumine apporte un quelconque bénéfice chez les patients cancéreux, mais elle fournit une base moléculaire susceptible de déboucher sur de nouvelles pistes thérapeutiques. Pour le Dr B Aggarwal, un des auteurs du travail, cela suffit pour inciter les patients cancéreux à consommer, dans la mesure du possible, plus de curcumine. Il ajoute que davantage de recherches sont nécessaires pour déterminer la dose de curcumine susceptible d'apporter un bénéfice.

D'autres travaux antérieurs suggèrent que la curcumine puisse avoir des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires et puisse même aider à la cicatrisation de blessures, à combattre la maladie d'Alzheimer et la sclérose en plaques. Bien que le potentiel thérapeutique de cette substance soit loin d'être précisé, cette nouvelle étude montre, une fois de plus, combien les couleurs naturelles dans notre assiette ne sont peut-être pas uniquement là pour notre vue, mais aussi pour le corps.

D. Delestienne et Nicolas Guggenbühl

Réf :
Bharti AC et al. Blood 2003;101(3):1053-62.

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