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Atkins : mythe et réalité

Le régime Atkins et ses nombreuses variantes pauvres en glucides connaissent un succès croissant. Une nouvelle revue des données fait le point sur son efficacité et... sa sécurité

Par Nicolas Guggenbühl

News du :
08 Septembre 2004

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Avec plus de 45 millions d’exemplaires vendus, le livre « New Diet Revolution » du défunt Dr Atkins n’a pas fini d’alimenter l’enthousiasme pour les régimes pauvres en glucides, devenus populaires dès 1860. Depuis, de nombreuses variantes où les glucides sont traqués continuent à entretenir les espoirs des candidats à l’amaigrissement : perdre du poids tout en pouvant manger à volonté des aliments gras et protéinés : beurre, viandes grasses, produits laitiers riches en graisses, etc. Selon l’ouvrage, la « magie » du pauvre en glucides (max 30 g par jour, tous glucides confondus) résiderait dans une augmentation de la dépense énergétique… Se dépenser sans bouger, c’est évidemment séduisant !

Rapide, mais de courte durée

Des chercheurs danois de l’Université de Copenhague viennent de passer en revue le « cas » Atkins, et leur « verdict » est publié dans une revue de référence, le Lancet. Se basant sur les trois études randomisées ayant examiné les effets à long terme d’un régime pauvre en glucides, la perte de poids est effectivement plus importante, après 6 mois, qu’avec un régime réduit en énergie et en graisse. Mais, pour les deux d’entre elles qui ont porté sur une période de 12 mois, il n’y a plus aucune différence au terme du suivi.

Quels mécanismes ?

Dépouillant le mécanisme de la perte de poids plus rapide survenant avec la restriction glucidique, les auteurs expliquent que l’amaigrissement est causé par plusieurs facteurs autres qu’une augmentation de la dépense énergétique : déplétion des réserves de glycogène, ce qui conduit à une excrétion accrue d’eau, formation de corps cétoniques (provenant de la mobilisation des graisses) qui exerce un effet suppresseur de l’appétit, teneur élevée en protéines, ce qui a un effet sur la satiété, et réduction des apports alimentaires ou limitation des choix alimentaires, ce qui mène à une diminution de l’apport énergétique.

Risques à long terme

Côté « sécurité », ils reconnaissent que certains facteurs de risque cardiovasculaire peuvent être améliorés avec un régime pauvre en glucides (en particulier le taux de triglycérides), mais ils mettent en garde contre plusieurs méfaits : ainsi, la suppression des produits céréaliers complets, des fruits et des légumes pourrait augmenter le risque de cancer et de maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, la teneur en glucides est inférieure au minimum nécessaire pour subvenir aux besoins du cerveau et des muscles. De nombreux adeptes de la méthode Atkins sont victimes de crampes musculaires, de diarrhées, de faiblesse générale, d’éruption cutanée. Ils concluent que tant que des études portant sur des périodes plus longues (jusqu’à 2 ans) n’ont pas montré l’efficacité et la sécurité, les régimes pauvres en glucides ne devraient pas êtres recommandés.

Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste

Ref :
Astrup A et al. Lancet 2004;364 :897-899.

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