.
 

Diété-Toc N°47
<< previous next >>

Probiotiques : Morts ou vifs

Le contenu de la capsule ou de l’aliment probiotique correspond-il à ce qui est annoncé ?

Par Nicolas Guggenbühl

" HEALTH & FOOD " numéro 47,
Juin-Juillet 2001

imprimer l'article

La science des probiotiques a connu un essor considérable et l'avenir s'annonce encore très prometteur. Mais des laboratoires de recherche, des études cliniques bien contrôlées… aux rayons des grands magasins et aux comptoirs des pharmacies, il y a un pas. Et l'on peut se poser la question de savoir si le contenu du probiotique disponible dans le commerce correspond à ce qui est annoncé.

Pour y répondre, une équipe du laboratoire de microbiologie de l'Université de Gand* a passé récemment au crible 55 probiotiques du marché européen, parmi lesquels 25 produits laitiers et 30 suppléments alimentaires déshydratés (cette étude ne concerne donc pas les probiotiques enregistrés comme médicaments ). Le verdict de cette analyse laisse songeur… Ainsi, on apprend que le nombre de bactéries présentes dans les suppléments alimentaires est souvent très nettement inférieur à celui obtenu pour les produits laitiers probiotiques.

Suppléments probiotiques

  • 37 % des suppléments déshydratés ne contiennent plus la moindre bactérie vivante.
  • Le supplément alimentaire au score le plus élevé atteint à peine le million de bactéries par gramme.

Produits laitiers probiotiques

  • Tous les aliments analysés contiennent des bactéries vivantes.
  • Dans la plupart des cas, le nombre de bactéries par millilitre se situe entre 10 millions et un milliard.

Pour les auteurs, cette différence entre l'aliment et le supplément peut trouver plusieurs explications : la matrice liquide des produits laitiers se prête bien à la survie des bactéries, la durée de vie des suppléments (2 à 3 ans) est beaucoup plus longue que celle des produits laitiers (environ 1 mois) et les températures de stockage diffèrent également entre les deux catégories de produits : les suppléments sont gardés à température ambiante alors que les produits laitiers sont maintenus environ à 5 °C, favorisant ainsi la survie des bactéries. Toutes ces explications permettent de comprendre mais elles ne constituent en rien une excuse justifiant ces observations.

“Bifidus actif” : souvent inactif !

L'identification des bactéries isolées, effectuée sur base du profil des protéines, réserve aussi quelques surprises : seuls 13 % des produits (suppléments et aliments) contiennent toutes les souches annoncées (bien que celles qui ne sont pas mentionnées restent dans le groupe des bactéries lactiques et ne présentent donc pas de risque pour la santé). Les auteurs constatent aussi que le nom scientifique utilisé est souvent incorrect, voire absent, au profit de noms qui « sonnent » mieux. Enfin, les bifidobactéries, qui sont souvent mentionnés sous le terme de « bifidus actif », n'ont pu être isolées qu'à partir de 5 des 24 produits prétendant en contenir. Bref, il y a encore du chemin à parcourir pour que le contenant reflète fidèlement le contenu.

Nicolas Guggenbühl

* Temmerman R, Huys G, Pot B et Swing J. Identification and Antibiotic Resistance of Isolates From Probiotic Product. Laboratoire de Microbiologie, Université de Gand.

haut de page

<< previous

Google

Web
H&F.be
 

© Health and Food est une publication de Sciences Today - Tous droits réservés