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Des antioxydants contre le diabète ?

Si l'obésité et la sédentarité sont en première ligne du développement du diabète de type 2, l'apport alimentaire en plusieurs antioxydants pourrait jouer un rôle non négligeable. C'est en tout cas ce que suggère une nouvelle étude portant sur un suivi de 23 ans.

Par Nicolas Guggenbühl

" HEALTH & FOOD " numéro 66, Août/Septembre 2004

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Le diabète de type 2 connaît une augmentation constante dans de nombreux pays. Autrefois réservés aux plus de 40 ans, il se déclare de plus en plus tôt, parfois même déjà à l’adolescence. Le principal facteur de risque en rapport avec la nutrition est bien connu : c’est l’excès de poids. C’est donc le contrôle du poids, par le biais de l’alimentation et de la lutte contre la sédentarité, qui constitue le pilier principal de la prévention du diabète de type 2, mais aussi de son traitement. Cela n’exclut pas de s’intéresser à d’autres facteurs successibles de moduler le risque de cette affection. Parmi eux, la piiste des antioxydants fait son bonhomme de chemin, comme en témoigne une nouvelle étude d’envergure publiée récemment dans Diabetes Care.

Données mitigées

L’hypothèse d’un effet protecteur des antioxydants repose sur plusieurs données récentes suggérant que le stress oxydatif – qui peut être réduit par les antioxydants – contribue au développement du diabète de type 2 en augmentant la résistance à l’insuline et/ou en altérant la sécrétion insulinique. Les données épidémiologiques étayant cette hypothèse sont cependant assez limitées.

Une étude prospective rapporte que l’apport en vitamine C est significativement plus bas parmi les cas de diabète de type 2. Trois études prospectives indiquent que les taux sériques d’alpha-tocophérol sont associés à un risque plus faible de diabète de type 1 ou 2. La vitamine E est considérée comme un antioxydant particulièrement efficient pour protéger les membranes cellulaires des dommages oxydatifs, ce qui pourrait lui conférer une rôle préventif de taille. Mais toutes les études ne donnent cependant pas le même son de cloche, certaines ne rapportant aucune association significative pour le bêta-carotène et pour l’alpha-tocophérol.

Pourtant, comme souvent en matière d’antioxydants, plusieurs études prospectives ont montré que la consommation de fruits et de légumes était associée à un risque plus faible de diabète de type 2. Cela suggère une fois de plus que si les antioxydants y sont pour quelque chose, c’est probablement plus par des effets synergétiques que par un rôle individuel.

Tocophérols et caroténoïdes

L’étude finlandaise a porté sur l’apport alimentaire en vitamine E, mais recensait aussi l'apport en vitamine C, et surtout (ce qui est nettement moins courant) celui en quatre tocophérols et en six caroténoïdes.

La cohorte se composait de 2285 hommes et 1019 femmes âgées de 40 à 69 ans à l’inclusion et exempts de diabète. Après une période de suivi de 23 ans, 164 hommes et 219 femmes ont développé un diabète. L’analyse des résultats révèle que les apports totaux en vitamine E, en alpha-, bêta- et gamma-tocophérol ainsi qu’en bêta-cryptoxanthine (caroténoïde retrouvé surtout dans les poivrons, le piment doux et le paprika) sont associés à une réduction significative du risque de diabète : pour la vitamine E, la réduction du risque de diabète est de 31 % pour le quartile supérieur (par rapport au quartile inférieur), et de 42 % pour la bêta-cryptoxanthine.

Acteurs ou marqueurs ?

Contrairement à ce qu’avaient rapporté d’autres études, celle-ci ne constate aucun effet protecteur pour la vitamine C. Le bêta-carotène apparaît lui aussi sans effet, ce qui avait déjà été montré dans des études d’intervention avec du bêta-carotène.

Le fait que certains caroténoïdes et pas d’autres se trouvent associés à une réduction du risque de diabète est un signe supplémentaire montrant la complexité de la grande toile des antioxydants. Il confirme l’intérêt de détailler autant que possible les différents antioxydants dans les études humaines, en allant même au-delà des tocophérols et des caroténoïdes. Car si cette étude hisse les tocophérols et un caroténoïde sur l’estrade de la prévention, rien ne permet d’exclure que ces composés ne soient qu’une partie de l’arsenal protecteur, voire de simples marqueurs d’autres facteurs nutritionnels favorables, parmi lesquels d’autres antioxydants qui se comptent par centaines.

Reste que le dénominateur commun aux différentes études menées, dont celle-ci, est une alimentation riche en végétaux. Celle-ci ne se résume pas aux fruits et aux légumes (qui ne sont qu’une modeste source de tocophérols), mais doit aussi compter sur des céréales non raffinées, les fruits oléagineux et autres graines, ainsi que les légumineuses, pour ériger une panoplie d’antioxydants hydro et liposolubles la plus complète possible.

Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste

Ref.:
Montonen J et al. Dietary Antioxydant Intake and Risk of Type 2 Diabetes. Diabetes Care 2004;27:362-366.

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