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Misérable diététique !

Trop peu de Belges consultent volontiers un(e) diététicien(ne), par exemple, pour perdre du poids. Un phénomène qui se vérifie des deux côtés de la frontière linguistique.

Par Patrick Mullie

" HEALTH & FOOD " numéro 56,
Novembre-Décembre 2002

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La diététique aurait-elle du mal à frayer son chemin dans l’horizon belge de la santé ? A en croire deux enquêtes, menées en 1997 et en 2001, la profession demeure encore fort marginalisée…
Ces deux études abordaient un grand nombre de thèmes traitant de la santé, élaborés au départ de recommandations internationales. On pouvait classer ces différents sujets en 5 catégories : l’état de santé, le style de vie, la prévention, la consommation de médicaments et l’accès aux soins de santé. L’enquête conduite en 2001 portait 12.111 personnes interviewées à leur domicile. Elles ont été sélectionnées de manière à être représentatives de la population belge.

Quelle place pour la diététique ?

Cette enquête comprenait également des sous-questions concernant la place des professions paramédicales (et donc de la diététique) dans l’arsenal des soins de santé. Au cours de l’année qui précédait l’étude, seuls 0.79 % des hommes et 2.44 % des femmes se sont rendus, une fois ou plus, à une consultation diététique. On observait également des différences selon l’âge : les plus assidus se trouvant dans les tranches de 15 à 24 ans et de 45 à 54 ans (respectivement 2.41% et 2.39%). La plus faible fréquence de consultation se révélait par contre chez les enfants de moins de 14 ans (0.8%) et chez les personnes âgées de plus de 75 ans (0.27%). Il est affligeant de constater le peu d’intérêt consacré en Belgique à la diététique, malgré l’importance croissante de certaines maladies (diabète, obésité,…) et la possibilité qui est offerte à la population d’y apporter une réponse adéquate.

La situation de la diététique est aussi catastrophique au sein même des autres professions paramédicales. Les visites chez les kinésithérapeutes et les logopèdes sont « nettement » supérieures, tant chez l’homme que chez la femme (respectivement 11 et 14.8 % pour les kinés, 1.84 et 1.31 pour les logopèdes). Au Hit-Parade paramédical, la diététique se classe bonne dernière, à l’exception du groupe très spécialisé des ergothérapeutes.

Encore pire qu’avant

L’enquête laisse transparaître également que plus le niveau d’éducation est élevé, plus le pourcentage des consutltations diététiques est important (0.42% parmi les sans diplômes, 1.87 % pour l’enseignement supérieur). Bruxelles se détache des deux autres régions quant aux interventions diététiques, avec 2.14 % contre 1.36 % en moyenne pour le reste du pays. La Communauté flamande affiche même le plus mauvais score (1.26 %) de consultation. En Wallonie et à Bruxelles, 3 % des femmes vont chez un(e) diététicien(ne). Paradoxalement, la Belgique enregistre aujourd’hui plus de cas d’obèses et de patients hyperlipémiques qu’en 1997 et… moins de consultations diététiques : 1.71 % en 1997 et seulement 1.63 % en 2001!

Quelles méthodes pour maigrir?

Une femme sur vingt répond à cette question en citant… la cigarette ! Dans la tranche d’âge des 25-34 ans, ce chiffre grimpe même à 9.2 %. En Flandre, 6.6 % des individus déclarent fumer pour maintenir stable leur poids corporel, contre 4.8 % à Bruxelles et 4.6 % en Wallonie. Les produits amaigrissants sont employés par 5.8 % des hommes et 11.9 % des femmes.
Un commerce encore plus florissant chez les 65-74 ans qui seraient 12.4 % à y recourir. Le jeûne est même adopté par un certain nombre d’individus, en particulier les hommes (10.4 % pour 8.9 % chez les femmes). En général, les femmes croient plus volontiers à la réussite de l’intervention diététique que les hommes (82.3 % contre 72.7 %), alors que les hommes recherchent plutôt la solution dans l’activité physique (29.5 % contre 21.6 %).

La diététique a donc vraisemblablement un long chemin à parcourir avant d’entrer dans les (bonnes) habitudes…

Patrick Mullie
Diététicien

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