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Du sélénium contre les virus ?

Autrefois redouté pour sa toxicité, le sélénium se profile aujourd’hui comme une véritable star, notamment en raison de ses propriétés protectrices.

Par Nicolas Rousseau

" HEALTH & FOOD " numéro 50,
Janvier 2002

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Les techniques d’analyse évoluant très rapidement, il est aujourd’hui possible d’identifier des éléments à des doses infinitésimales dans l’organisme. Une chance pour le sélénium, puisque l’on s’aperçoit aujourd’hui qu’il “abonde” dans des organes comme le foie, la rate, la thyroïde, les ganglions lymphatiques et le cerveau. On a ainsi déjà pu identifier 35 sélénoprotéines différentes qui n’ont pas encore toutes révélé leurs secrets. On se rend aussi de plus en plus compte de l’importance d’un bon apport de sélénium dans la résistance aux maux qui nous accablent.

Attraper le virus

Le sélénium a-t-il joué un rôle dans de grandes épidémies ? Toujours est-il qu’il semble à même de juguler les mutations des virus dans des formes plus agressives. Les spécialistes font ainsi le rapprochement entre le déclenchement systématique des épidémies de grippe en Asie et le fait qu’il s’agit de zones d’habitation particulièrement pauvres en sélénium. En Chine, certaines populations isolées et carencées en sélénium présentent des formes beaucoup plus virulentes et mortelles du virus Coxsackie, responsable notamment de méningites et de myalgies épidémiques et surtout des pathologies coronaires observées dans la maladie de Keshan. Cette dernière a depuis largement été éradiquée grâce à la supplémentation.

La preuve chez l’animal

Le fait que la déficience en sélénium peut avoir un impact profond sur l’ARN viral n’a été démontré que tout récemment. Ainsi, un apport inadéquat en sélénium chez la souris provoque des dégâts inflammatoires pulmonaires plus importants suite à l’exposition à un virus Influenza de sérotype A Bangkok (1). A l’origine des ces troubles infectieux, les auteurs de l’étude ont constaté chez les souris “sélénocarencées” pas moins de 29 mutations au sein des nucléotides du gène codant pour la seule protéine M1 matrix, un segment du génome du virus Influenza reconnu pour être particulièrement stable.

Du sélénium chaque jour

Une couverture quotidienne adéquate en sélénium apparaît donc vitale, car une fois que les mutations se produisent chez l’animal, la correction de la déficience ne protège plus contre l’émergence de nouvelles souches virulentes. Les résultats de cette étude suggèrent que la déficience en sélénium est peut-être à l’origine des épidémies de grippe, qui nécessitent près de 100 000 hospitalisations chaque année rien qu’aux Etats-Unis. Il est également concevable qu’elle intervienne directement pour des centaines d’autres variétés de virus à ARN. Ainsi, pour des chercheurs américains, la même hypothèse expliquerait le passage du virus HIV du singe à l’homme. Cette mutation se serait probablement produite au Zaïre dans les années 60, au sein d’une population où les déficits en sélénium sont très répandus. On sait maintenant ce qu’il en est advenu et les mêmes suspicions ont cours pour le virus Ebola…

Nicolas Rousseau
Diététicien Nutritionniste

Références:
(1) Beck MA et al. Selenium deficiency increase the pathology of an influenza virus infection. Faseb J 2001 Jun; 15(8):1481-3.

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