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Grossesse : une situation particulière

Pendant la grossesse, les besoins en certains nutriments sont spécifiques de cet état physiologique particulier. Mais il semble que malgré les recommandations des acteurs de la santé, l’adaptation des apports reste insuffisante. Il faut donc insister auprès des futures mamans sur cette nécessité.

Sur le plan nutritionnel, la grossesse est une situation particulière. Les règles alimentaires de base sont celles de l’alimentation équilibrée, excepté l’évitement de quelques aliments en fonction des risques particuliers qu’ils comportent, ainsi que l’alcool. Mais les besoins en certains nutriments sont revus à la hausse et on se rend de plus en plus compte que des apports supplémentaires en certains autres sont bénéfiques.

Les classiques

Parmi les nutriments plus étudiés, il y a bien sûr l’acide folique, dont l’effet principal est la prévention des malformations du tube neural (spina bifida). Des apports insuffisants augmentent aussi le risque de faible poids de naissance et de prématurité. Les recommandations estiment à 800 mcg par jour les besoins dès avant la grossesse et pendant toute la durée de celle-ci1.

Le calcium est un autre élément indispensable, pour la construction du squelette fœtal. Les besoins quotidiens sont de 1000 mg/j mais les très jeunes futures mamans devraient en apporter jusqu’à 1300 mg/j. Mais il ne va pas sans son indispensable compagnon, la vitamine D, dont il faut apporter 600 UI/j. Enfin, les recommandations nutritionnelles pour la Belgique conseillent d’apporter un supplément de fer sous forme 100 mg/j de sulfate de fer pendant la seconde moitié de la grossesse2.

Les autres

Les acides gras oméga-3, en particulier ceux à longue chaîne, participent au développement du cerveau du fœtus et de l’enfant. Ils semblent aussi s’accumuler dans la rétine pendant la vie fœtale. Les prématurés ne reçoivent pas les acides gras insaturés qu’ils auraient reçu pendant la durée normale d’une grossesse et dépendent des apports supplémentaires adaptés pour leur croissance et leur développement.  La supplémentation quotidienne de la maman avec 1,6 g d’EPA ou 1,1 g de DHA à partir de la 25e semaine de grossesse et jusqu’à 3 ou 4 mois après l’accouchement en cas d’allaitement semble diminuer les risque d’allergie chez l’enfant. Les recherches sur ces différents aspects se poursuivent. Il en va un peu de même avec l’iode. Plusieurs études ont montré une corrélation entre les apports en iode chez la mère pendant sa grossesse et le statut iodé de son enfant. Mais la corrélation avec la fonction thyroïdienne du bébé et sa fonction cognitive ultérieure est plus difficile à établir. Une des raisons de cette difficulté provient de la faible qualité méthodologique de la plupart des études existantes. Les travaux doivent donc se poursuivre mais l’OMS recommande tout de même des apports de 200 à 250 mcg/j pendant la grossesse et la lactation.

Groupes à risque

Faire des recommandations, c’est bien. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’elles soient suivies et à ce sujet, il semble bien qu’il y ait encore des progrès à faire. Une enquête par internet menée au Danemark a tenté d’évaluer le degré de compliance des futures mamans face aux recommandations préconisant une supplémentation quotidienne de 400 mcg d’acide folique dès avant la conception lorsque le désir d’enfant se faisait sentir. L’étude était prospective. Sur près de 6000 femmes âgées de 18 à 40 ans, seulement 7,7% seulement prenaient réellement des suppléments d’acide folique, 20,4% recouraient à des suppléments multivitaminés et 34% prenaient les deux. Quelques pourcents encore prenaient une vitamine unique et surtout, 36,4% n’en prenaient aucune. Les femmes qui bénéficiaient d’une meilleure éducation et de meilleurs revenus étaient les plus nombreuses à prendre des suppléments. Celles qui présentaient des facteurs de vie saine tels que l’absence de tabagisme et de consommation d’alcool, l’activité physique et le maintien d’un BMI normal étaient également plus nombreuses à en prendre. Ce sont donc les femmes qui ont les styles de vie les plus à risque qui sont les moins nombreuses à prendre des suppléments recommandés pendant leur grossesse. C’est à ce groupe-là qu’on doit donc être le plus attentif.

Références:

Conseil Supérieur de la Santé. Recommandations nutritionnelles pour la Belgique (Révision 2009). Publication n° 8309. HYPERLINK "http://www.health.belgium.be/internet2Prd/groups/public/@public/@shc/documents/ie2divers/12352470_fr.pdf" http://www.health.belgium.be/internet2Prd/groups/public/@public/@shc/documents/ie2divers/12352470_fr.pdf En français. Consulté en févier 2013.

Mayo Clinic Staff. Pregnancy diet: focus on these essential nutrients. HYPERLINK "http://www.mayoclinic.com/health/pregnancy-nutrition/PR00110" http://www.mayoclinic.com/health/pregnancy-nutrition/PR00110. En anglais, consulté en février 2013.

Rombaldi Bernardi J, de Souza Escobar R, Francisco Ferreira Ch et al. Fetal and Neonatal Levels of Omega-3: Effects on Neurodevelopment, Nutrition, and Growth. ScientificWorldJournal 2012; 2012: 202473.

Gunnarsdottir I, Dahl L. Iodine intake in human nutrition: a systematic literature review. Food Nutr Res. 2012; 56: 10.3402/fnr.v56i0.19731.

Cueto HT, Riis AH, Hatch EE et al. Predictors of preconceptional folic acid or multivitamin supplement use: a cross-sectional study of Danish pregnancy planners. Clinical Epidemiology 2012; 4: 259–265. Passeport Santé. Vitamine B9. HYPERLINK "http://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=vitamine_b9_ps" http://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=vitamine_b9_ps En français. Consulté en février 2013.


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