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La fatigue sous toutes ses formes

Il peut y avoir de multiples causes à la fatigue mais ce ne sont pas toujours les plus compliquées et les plus graves qui sont en jeu. Il n’est pas toujours inutile de commencer par les choses simples pour y voir clair.

La fatigue peut avoir plusieurs dimensions différentes : physique, psychique ou musculaire. Dans le premier cas, c’est – pourrait-on dire – le corps entier qui est fatigué. L’individu a envie de dormir parce qu’il sent son corps comme lourd, au terme d’une journée bien remplie qui l’a amené à mener d’intenses travaux. Mais si c’est seulement un groupe musculaire qui a été sollicité par l’activité en question, on parlera plutôt de fatigue musculaire. Par contre, la fatigue psychique est plutôt perçue comme une sorte de lassitude, de difficulté de concentration, voire de tristesse. La personne sent très bien en elle-même qu l’appel à dormir ne vient pas du corps mais d’une sorte de manque au niveau des réserves permettant de faire face aux situations exigeantes ou éprouvantes1. Les spécialistes de la fatigue en général pensent que, quel que soit le type de cette dernière, un problème commun se situe souvent en amont. Bien sûr, il y a mille raisons possibles à cet état, allant des causes anodines (un match dans lequel on s’est donné à fond, par exemple), aux affections les plus graves (cancer par exemple), en passant par des troubles qu’il est aisé d’identifier. Il faudra donc poser au personnes qui se disent fatiguées quelques questions de base qui permettront d’orienter la réponse qu’on leur donne. Ces questions sont reprises au tableau I. Ces quelques questions sont destinées à faire soupçonner une anomalie sous-jacente qui inciterait à renvoyer le demandeur chez le médecin.

Tableau I

Questions en cas de fatigue

avez-vous une explication à votre état ?

depuis combien de temps êtes-vous fatigué ?

un événement inhabituel est-il survenu dans votre vie ?

avez-vous remarqué des signes d’accompagnement

tels qu’amaigrissement, essoufflement, douleurs …

dormez-vous bien et suffisamment ?

Un bon indicateur

Pour en revenir à l’existence d’un mécanisme sous-jacent, il faut évoquer le manque éventuel d’un micronutriment nécessaire au bon fonctionnement de notre organisme, que ce soit au niveau physique ou au niveau psychique. Il en va de même pour la fatigue psychique. Certes, on peut objectiver ce manque au moyen des dosages adéquats. Mais on peut se demander avec Long et al. si de tels dosages sont bien nécessaires2, tout au moins dans un premier temps. Certains experts, en effet considèrent que ce sont précisément les difficultés de concentration et la fatigue psychique, voir les petits troubles de l’humeur, qui sont les indicateurs les plus sensibles d’un déficit subclinique en certains micronutriments3. Et Long et al.2 concluent d’une méta-analyse que l’influence d’une supplémentation en micronutriments pendant 28 jours au moins exerce une influence favorable sur le stress tel qu’il est perçu par les individus, sur les symptômes psychiques modérés et l’anxiété. La fatigue et les difficultés de concentration sont également diminués par de tels suppléments.

Reste à savoir quels micronutriments sont utiles dans ces différentes formes de fatigue psychique ou physique. La littérature est abondante à ce sujet et nous devons limiter la discussion aux plus importants d’entre eux. La logique impose de s’attarder à des micronutriments impliqués dans un grand nombre de processus métaboliques, ce qui explique, considèrent Long et al.2, que même de légères carences aboutissent à des dysfonctionnements, aussi discrets soient-ils. C’est le cas, par exemple, du magnésium et des vitamines du groupe B. Le premier joue un rôle dans l’activité de plus de 300 enzymes. Il contribue aussi aux propriétés des membranes biologiques et à la régulation du calcium intracellulaire. Il affecte le fonctionnement du système nerveux et des tissus musculaires, y compris le tissu cardiaque4. Le Mg est absorbé principalement dans l’ileon et le côlon. Son absorption se fait surtout par un mécanisme paracellulaire5. La vitamine B6 est nécessaire pour maintenir un bilan norma en magnésium : la carence en B6 entraîne une perte urinaire accrue de Mg avec un bilan négatif6. L’absorption du magnésium dépend aussi de la vitamine D. Il a été montré que cette vitamine renforce l’absorption du minéral en jouant cette fois sur des mécanismes de transport actif7,8.

Les personnes âgées sont plus sensibles que les autres au manque de magnésium, alors que les déficits en ce minéral sont plus fréquents chez elles que dans les autres tranches d’âge. L’âge et la carence ou subcarence en magnésium sont associés à une production accrue de radicaux libres, ce qui joue un rôle néfaste dans les maladies cardiovasculaires, le diabète, la fatigue chronique et d’autres états pathologiques encore9,10.

Quant au complexe B, aux multiples composantes, pas besoin d’en faire l’apologie. Faut-il même rappeler leur importance dans des processus aussi variés la croissance, la production des globules rouges, l’activité de nombreuses enzymes, le bon fonctionnement du système nerveux, le métabolisme énergétique11 … ?

Simple mais utile

Il ressort des études récentes que les apports nutritionnels, en raison des modes alimentaires et – chez les seniors – des fréquentes maladies chroniques, sont insuffisants10. C’est pourquoi la supplémentation en magnésium, sans constituer un traitement en elle-même présente un intérêt dans l’aide à la prévention et le soutien à la prise en charge de toute une série de troubles10,11. Certains patients l’utilisent d’ailleurs en automédication. Mais cette pratique impose la vigilance du personnel de santé car il existe des effets secondaires en cas de surdosage. L’insuffisance rénale, en particulier, de même que la prise de certains médicaments (certains diurétiques, antibiotiques ou anticancéreux) constituent des situations qui méritent l’attention en raison du rôle du rein dans la physiologie de ce minéral12. Les études qui montrent le lien entre différents états anormaux et celles qui démontrent l’intérêt d’une supplémentation en vitamines du complexe B (dans des conditions de dosage adéquat, tant pour en obtenir un bénéfice que pour éviter les effets secondaires) sont très nombreuses. Nous n’en citerons ici que quelques exemples. Ainsi, Kennedy et al.13 ont réalisé un essai randomisé en double aveugle auprès de 198 adultes d’âge moyen ayant un travail à plein temps, la supplémentation en vitamines et minéraux. Interrogés une fois par semaine, les participants ont déclaré ressentir une meilleure capacité de concentration une meilleure vitalité. Les mêmes auteurs ont aussi conduit un autre essai auprès de 215 adultes masculins avec des suppléments comprenant notamment des vitamines du groupe B. Ces suppléments ont amélioré les états de stress, la vivacité d’esprit et les performances cognitives au cours de prestations mentales intenses14. Pour les phénomènes musculaires, Allen et al. signalent que quelques études, peu nombreuses il est vrai, font état d’un apport de certaines substances, parmi lesquelles figure la B12, dans l’amélioration des crampes nocturnes des jambes15. Et dans les états pathologiques, une étude préliminaire de Huijts et al.16 suggère l’existence d’une relation entre la fatigue et la vitamine B12 chez les patients victimes d’un AVC. Mais, comme nous l’avons dit, ce ne sont là que quelques exemples.

Références:

1. Borrel M. Fatigue, quand dormir ne suffit pas! Psychologies. HYPERLINK "http://www.psychologies.com/Bien-etre/Sommeil/Fatigue/Articles-et-Dossiers/Fatigue-quand-dormir-ne-suffit-pas" \l "2" http://www.psychologies.com/Bien-etre/Sommeil/Fatigue/Articles-et-Dossiers/Fatigue-quand-dormir-ne-suffit-pas#2 En français, consulté en avril 2013.

2. Long SJ, Benton D. Effets of vitamin and mineral supplementation on stress, mild psychiatric symptoms, and mood in nonclinical samples: a meta-analysis. Psuchosomatic medicine 2013; 75: 144-53.

3. Benton D. To establish the parameters of optimal nutrition do we need to consider psychosocial in addition to physiological parameters ? Mol Nutr Food Res 2013; 57: 6-19.

4. Swaminathan R. Magnesium metabolism and disorders. Clin Bioch Rev 2003; 24: 47-66.

5. de Baaij JHF, Hoenderop JGJ, Bindels RJM. Regulation of magnesium balance: lessons learned from human genetic disease. Clin Kidney J 2012; 5(Suppl 1): i15–i24.

6. Turniund JR, Betschart AA, Liebman M et al. Vitamin B-6 depletion followed by repletion with animal- or plant-source diets and calcium and magnesium metabolism in young women. Am J Clin Nutr 1992; 56: 905-10.

7. Zofkova I, Kancheva RL. The relationship between magnesium and calciotropic hormones. Magbes Res 1995; 8: 77-84.

8. Carpenter TO. Mineral regulation of vitamin D metabolism. Bone Miner 1989; 5: 259-69.

9. Barbagallo M, Belvedere M, Dominguez LJ. Magnesium homeostasis and aging. Magnesium Research 2009; 22(4): 235-46.

10. Guerrera MP, Volpe SL, Mao JJ. Therapeutic uses of magnesium. Am Fam Phys 2009; 80(2): 157-62.

11. American Cancer Society. Vitamin B Complex. HYPERLINK "http://www.cancer.org/treatment/treatmentsandsideeffects/complementaryandalternativemedicine/herbsvitaminsandminerals/vitamin-b-complex" www.cancer.org/treatment/treatmentsandsideeffects/complementaryandalternativemedicine/herbsvitaminsandminerals/vitamin-b-complex En anglais, consulté en avril 2013.

12. Saris NE, Mervaala E, Karppanen H et al. Magnesium. An update on physiological, clinical and analytical aspects. Clin Chim Acta 2000; 294: 1-26.

13. Kennedy DO, Veasey RC, Watson AW et al. Vitamins and psychological functioning: a mobile phone assessment of the effects of a B vitamin complex, vitamin C and minerals on cognitive performance and subjective mood and energy. Hum Psychopharmacol 2011; 26(4-5): 338-47. doi: 10.1002/hup.1216.

14. Kennedy DO, Veasey R, Watson A et al. Effects of high-dose B vitamin complex with vitamin C and minerals on subjective mood and performance in healthy males. Psychopharmacology (Berl) 2010; 211(1): 55-68. doi: 10.1007/s00213-010-1870-3.Huijts M,

15. Allen RE, Kirby KA . Nocturnal leg cramps. Am Fam Phys 2012; 86(4) : 350-5.

16. Duits A, Staals J et al. Association of vitamin B12 deficiency with fatigue and depression after lacunar stroke. PLoS One 2012; 7(1): e30519. doi: 10.1371/journal.pone.0030519


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