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Gros plan sur le diabète de type 1

Le premier cas de diabète date diagnostiqué date du 16e siècle avant notre ère. Les Egyptiens parlaient à l’époque d’un mal provoquant une «fuite des urines». Mais ce n’est que bien plus tard, en 1922 que Banting et Best découvrirent un traitement efficace: l’insuline. Depuis, bien du chemin a été parcouru.

Le diabète de type 1 n’est pas rare puisqu’il touche un Belge sur 20. Il est donc important de pouvoir dépister cette pathologie qui, si elle n’est pas prise en charge au plus vite, peut entraîner des conséquences gravissimes au long court. Heureusement, les traitements actuels sont de plus en plus efficaces et permettent au patient une autonomie de plus en plus grande.

Petits rappels

Le diabète de type 1 est une pathologie auto-immune au cours de laquelle l’organisme produit des anticorps contre les cellules bêta pancréatiques, sécrétrices de l’insuline nécessaire à l’utilisation du glucose sanguin. Cette destruction progressive des cellules bêta conduit peu à peu à l’apparition d’une hyperglycémie visible lorsqu’il ne reste plus que 10 à 20% de cellules fonctionnelles. Le processus auto-immun se produit sur de nombreuses années (entre cinq et dix ans généralement, voir plus) avant que l’on puisse voir apparaître les signes de diabète.

Le diabète de type 1 survient principalement chez des personnes jeunes présentant un terrain de susceptibilité génétique, à la suite de facteurs déclanchant (environnementaux). Son dépistage peut être réalisé avant même l’apparition des hyperglycémies, par dosage sanguin des auto-anticorps.

Quels symptômes

Il existe une multitude de symptômes liés à la présence d’un diabète de type 1 pouvant apparaître progressivement ou subitement: l’absence d’insuline entraîne inévitablement une accumulation de glucose dans le sang (hyperglycémie) mais également dans les urines (glycosurie), entraînant une perte d’eau et de sodium accrue (polyurie) et donc une sensation de soif accrue (polydipsie).

N’ayant plus de glucose à disposition comme carburant, certains organes vont utiliser d’autres nutriments de moins bonne qualité: des protéines et des lipides. Il s’en suit une perte de poids importante, une fatigue intense (asthénie) ainsi que l’apparition d’acétone comme produit de combustion de ces nutriments. Le patient diabétique présente alors une halène caractéristique de «pomme de reinette». Si le patient n’est pas pris en charge rapidement, il entre finalement dans un coma acidocétosique et fini par décéder.

Un traitement, plusieurs possibilités

Le seul traitement actuel pour traiter le diabète est l’insulinothérapie. Néanmoins, Plusieurs possibilités s’offrent aux patients diabétiques en ce qui concerne l’injection de cette hormone:

- En pédiatrie, un schéma comprenant deux injections journalières d’un prémélange d’insulines (une le matin et une le soir) est fréquemment utilisé. Cependant, un tel schéma impose à l’enfant une répartition glucidique sur la journée relativement rigide (trois repas, une collation).

- Il existe également des systèmes de pompes à insuline permettant une diffusion d’insuline par une canule sous-cutanée. Ce système présente l’avantage d’éviter au patient de devoir se faire plusieurs injections par jour. Ce système permet également de minimiser le nombre d’hypoglycémies sévères.

- Un autre schéma repose sur l’injection d’une insuline basale dite «lente» et trois injections d’insulines dites «rapides» lors des repas. C’est pourquoi ce schéma est nommé «basal-prandial» ou «basal-bolus».

- Depuis les années 90, la découverte des insulines ultrarapides a encore permis de faire un grand pas dans l’amélioration de la qualité de vie des patients diabétiques. En effet, leur durée d’action est de 2-3 h (contre 3-4 h pour les rapides) et elles présentent l’avantage de couvrir instantanément le patient (contre un délai d’attente de 15 à 30 min pour les rapides). Elles peuvent être injectées aussi bien avant qu’après les repas et permettent ainsi une plus grande flexibilité.

- Plus récemment encore, on a vu apparaître le terme «d’insulinothérapie fonctionnelle». Ce traitement repose sur une technique par laquelle on tente de déterminer de la façon la plus précise possible les doses d’insulines dont le patient à besoin. Il s’adapte aux schémas insuliniques basals-prandiaux. Le patient reçoit une solide formation afin de pouvoir calculer d’une part son besoin d’insuline basale, mais également de savoir déterminer la quantité de glucides de ses repas afin de pouvoir adapter correctement les doses d’insulines lors de ceux-ci.

- Depuis peu, il existe également sur le marché un système de pompe à insuline de type «Real Time» qui, en plus d’administrer de l’insuline, permet de mesurer le glucose en continu. Cette mesure en continu s’effectue à l’aide d’un capteur placé sous la peau. Les données enregistrées sont transmises à la pompe via bluetooth et s’affiche sur l’écran du système. Il est également possible de programmer des alertes afin de prévenir les importantes variations de glycémie. Toutes ces informations permettent de réagir rapidement afin d’éviter d’éventuelles hypoglycémies parfois mal perçues notamment chez les enfants. Il en découle une nette amélioration de la qualité de vie.

Les greffes

Dans les cas extrêmes ou le patient diabétique souffre de graves complications rénales, il est parfois nécessaire de pratiquer une greffe de pancréas. Cette dernière est pratiquée conjointement avec une greffe de rein et nécessite par la suite un traitement immunosuppresseur à vie. Il s’agit d’interventions très lourdes qui nécessitent une parfaite compatibilité du donneur. Plusieurs équipes de scientifiques travaillent également au développement d’un pancréas artificiel et semblent toucher bientôt au but.

De nombreuses études portent également sur la greffe d’îlots de langerhans. Les scientifiques se heurtent malheureusement à plusieurs facteurs bloquants dont la difficulté rencontrée pour isoler les îlots du pancréas et la nécessité de greffer de 2 à 3 préparations d’îlots prélevées chez autant de donneurs. Ainsi actuellement, entre 3 et 4 donneurs sont nécessaires pour pratiquer une greffe chez un seul patient.

Il y a peu, une équipe française a réussi à obtenir une lignée de cellules bêta en transférant un gène promoteur spécifique des cellules bêta dans une cellule de pancréas fœtal humain. Bien que cette technique ne soit actuellement pas applicable, ces premiers résultats indiquent que l’on pourra peut-être, dans un avenir relativement proche, se passer de greffe de pancréas.

Alexandre Dereinne, diététicien

Référence:

D’après le symposium en diabétologie organisé par le Centre de Santé des Fagnes (CSF) conjointement avec l’Association des Médecins Généralistes de la Région des Fagnes (AGRF) le 22 octobre 2011 à Nîsmes.


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