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Patient anémique: que fer?

L’anémie par carence martiale n’est pas une pathologie rare puisqu’elle touche entre deux et cinq pourcents des hommes adultes et des femmes post-ménopausées dans les pays industrialisés. Or, il convient d’être attentif à une carence en fer car elle peut parfois être consécutive à un problème plus grave.

L’anémie ferriprive est la cause la plus commune de consultation d’un gastroentérologue (4-13%). Bien que la principale cause d’anémie chez la femme pré-ménopausée soit les pertes menstruelles, chez les hommes et chez les femmes post-ménopausées, il s’agit principalement des pertes de sang via le tractus digestif. Quelle est la stratégie la plus efficace à mettre en place pour traiter une anémie par carence martiale?

Quelles en sont les causes?

Les causes d’anémie ferriprive peuvent être multiples. Comme dit précédemment, les femmes pré-ménopausées développent bien souvent une anémie suite à leurs pertes menstruelles.

    Mais il existe également d’autres causes d’anémie ferriprive:
  • les carcinomes asymptomatiques de l’estomac ou du colon peuvent également être responsables d’une anémie par carence martiale;
  • une anémie ferriprive peut également s’installer chez les sujets qui souffrent de malabsorptions comme c’est le cas pour les patients coeliaques;
  • les personnes qui présentent de trop pauvres apports alimentaires peuvent également présenter une carence en fer qui, si elle est prolongée, peut entraîner une anémie à long terme (comme les végétaliens ou végétariens mal équilibrés);
  • les dons de sang, gastrectomies et utilisations prolongées d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens sont également des causes d’anémie ferriprive mais il en existe bien d’autres encore.

Quels traitements?

Après avoir écarté ou traité toute cause sous-jacente de carence en fer, le but du traitement est de rétablir les concentrations d’hémoglobine et de globules rouges à la normale et de reconstituer les réserves de fer. Si cet objectif ne peut être atteint, une réévaluation du patient est à prévoir.

Outre la consommation d’un régime alimentaire riche en fer, une supplémentation en fer devrait être systématiquement prescrite aux patients anémiques afin de reconstituer leurs réserves. La solution la plus simple et la moins coûteuse est de donner à ces patients un complément de 200mg de sulfate de fer ferreux à raison de deux prises par jour. Des doses plus faibles peuvent être aussi efficaces et mieux acceptées chez les patients ne tolérant pas les doses traditionnelles (risques de troubles digestifs, de maux de têtes,...). D’autres composés à base de fer (fumarate ferreux, gluconate ferreux ou encore des solutions contenant du fer) peuvent être mieux tolérées que le sulfate ferreux. Quoi qu’il en soit, une fois la carence corrigée, la prise orale de fer devra se poursuivre encore au moins trois mois afin de réapprovisionner les stocks de l’organisme.

Pour les patients ne tolérant absolument pas un apport en fer par voie orale, il existe des préparations administrables par voie parentérale, soit par voie intraveineuse, soit par voie intramusculaire. Ces deux modes d’administration doivent bien évidemment se faire en milieu hospitalier et sous contrôle médical.

Afin d’améliorer l’absorption du fer, la prescription d’un complément de 250 à 500mg d’acide ascorbique à raison de deux prises quotidiennes concomitantes avec celles des compléments de fer peut s’avérer utile.

Enfin, il peut également s’avérer intéressant de prescrire des compléments de folates et/ou de vitamine B12 dont les concentrations peuvent être effondrées en cas d’accroissement de l’indice de distribution des globules rouges. On parle alors d’anémie macrocytaire.

Le fer dans l’alimentation

Le fer de notre alimentation se trouve principalement dans les produits d’origine animale. Le boudin noir est sans nul doute le champion toutes catégories avec près de 12mg par 100g. Les abats rouges (foie, rognon, cœur,...) contiennent également des quantités significatives de fer ( jusqu’à 9.5mg par 100g). Certains fruits de mer, comme les moules, contiennent des quantités importantes de fer (8mg/100g). Les viandes rouges renferment quant à elles entre 1,5 et 3mg de fer par 100g de produit. Il est cependant important de noter que le boudin noir contenant près de 33% de lipides, il n’est pas recommandé d’en consommer tous les jours. De même, les abats ne sont généralement pas consommés régulièrement dans nos contrées.

Bien que les céréales, légumineuses et légumes puissent contenir une certaine quantité de fer, ce dernier ne présente pas la même biodisponibilité que le fer présent dans les denrées d’origine animale (5-10% contre 25%). En outre, certaines substances présentent dans les végétaux comme les acides phytique et oxalique réduisent encore l’absorption du fer. On ne peut donc pas considérer les produits d’origine végétale comme des bonnes sources alimentaires de fer.

Etant donné qu’il n’existe pas énormément de sources alimentaires en ce micronutriment, il est facile de comprendre que le traitement d’une anémie ferriprive ne peut pas reposer que sur l’alimentation. Il est donc nécessaire de coupler une alimentation riche en sources de fer avec l’utilisation d’un complément alimentaire.

Adrien Loreis

Références:

Goddard A, James M, McIntyre A et al. Guidelines for the management of iron deficiency anaemia. Gut published online May 11, 2011. doi: 10.1136/gut.2010.228874

Nubel. Table Belge de composition des aliments 5e édition. 2009.


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