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Allaitement maternel: tout un domaine de recherche

Au cours du « 6th International Breastfeeding and Lactation Symposium » organisé par Medela, les participants ont assisté à une série de débats à propos de la pratique et de la recherche en matière d’allaitement maternel. Ces débats étaient de nature à favoriser la diffusion des connaissances au niveau professionnel et à soutenir les soins à la mère et à l’enfant.

A travers les sessions plénières et les ateliers du « 6th International Breastfeeding and Lactation Symposium » (Amsterdam, 15-16 avril 2011), c’est toute l’importance de la recherche dans le domaine de l’allaitement qui a été mise en évidence, tant du point de vue de la mère que de celui de l’enfant. Les scientifiques ont présenté de nouveaux thèmes de recherche sur les avantages du don de lait pour les prématurés. Le Prof. Peter Hartmann, de l’University of Western Australia, a donné une lecture inaugurale sur ses travaux très novateurs de recherche sur les cellules souches dans le lait maternel. Ce nouveau territoire de recherches semble très prometteur. Science de l’allaitement

Le Prof. Hartmann a insisté sur l’ampleur des découvertes qui restent encore à faire dans le domaine de l’allaitement. «Le sein est actuellement le seul organe pour lequel il n’existe pas de test fonctionnel ou de système de référence universel» a-t-il regretté. «Et pourtant, le bon fonctionnement de cet organe reste d’une importance capitale pour la santé de l’enfant comme pour celle de la mère, en particulier pour le prématuré». Les travaux du Lactation Research Group conduit par Hartmann à l’University of Western Australia et ceux du Dr Paula Meier, directrice de la Clinical Research ou Lactation de l’unité de soins intensifs au Rush University Medical Center de Chicago (USA) ont clairement montré la double fonction essentielle de l’allaitement: renforcer de manière naturelle les défenses immunitaires de l’enfant et offrir une alimentation complète en vue du développement physique autant que neurologique du bébé.

Le Doct. Donna Geddes, qui s’occupe d’échographie diagnostique dans le même groupe de recherche, a montré que cette technologie fournissait une méthode sûre et non invasive pour l’étude du mécanisme de succion du nouveau-né. «On peut ainsi avoir une vue sur la manière dont le bébé tire le lait de sa maman», a-t-elle commenté. «Cela permet d’avoir de nouvelles perspectives sur la manière dont nous pouvons solutionner certains problèmes spécifiques auxquels le prématuré est confronté. L’aspiration sous vide réalisée par le palais, la succion, la déglutition et la respiration sont cruciales pour un allaitement réussi et plus nous en connaîtrons sur ces aspects, mieux nous pourrons apporter un soutien pratique aux mamans allaitantes». Fonction gastro-intestinale

Les nouveau-nés sont très régulièrement pesés et mesurés pour suivre attentivement leur développement mais l’échographie ne fournit pas encore de données sur le degré de nutrition et la composition corporelle. Le Prof. Hartmann, le Doct. Geddes et leur équipe développent actuellement des recherches sur la manière dont les bébés assimilent le lait, comment se fait la vidange gastrique et quels sont les mécanismes de régulation de la faim. Ils veulent ainsi jeter un nouvel éclairage sur la fonction gastro-intestinale, ainsi que sur des problèmes tels que les crampes, le reflux et les intolérances alimentaires. Cette équipe fait également des études sur la masse grasse corporelle chez les enfants nés trop tôt pour mieux comprendre le risque ultérieur d’obésité et de maladies cardiovasculaires.

Malgré les progrès réalisés dans les soins aux nouveau-nés, a déclaré Sharon Perella, elle aussi de l’University of Western Australia, Perth (Australie), la fonction gastro-intestinale du prématuré n’est pas bien comprise et les affections digestives restent une cause majeure de morbidité et de mortalité des tout petits. Etant donné le peu de tests diagnostiques qui sont disponibles, les praticiens doivent se fier aux signes cliniques pour détecter des anomalies. L’imagerie aux ultrasons permet aussi de suivre les mouvements de la vésicule biliaire en réponse à une alimentation par sonde gastrique. On peut encore monitorer la réaction de l’estomac de l’enfant prématuré à l’allaitement, ce qui aura des implications dans la gestion de la nutrition des nouveau-nés.

Un atout pour l’avenir

Tout cela revêt une importance d’autant plus grande, a expliqué le Pr Paula Meier (Rush University Medical Center, Chicago, USA), que la nutrition en bas âge a un impact majeur sur l’état fonctionnel ultérieur. Les prématurés naissent peu de temps après ou pendant une période critique de croissance de leur corps et de leurs organes. Une croissance fœtale ou néonatale anormale a été mise en relation avec différentes maladies pouvant survenir tôt ou tard dans la vie (ex. maladie coronaire ou diabète de type 2), ainsi qu’avec un développement neurologique non satisfaisant. La qualité et la quantité des macronutriments apportés par l’alimentation sont cruciales et pour les prématurés, le lait humain tiré constitue le meilleur aliment. On a montré que lorsque ces petits étaient ainsi nourris, ils encouraient moins de risque d’entérocolite nécrosante (NEC, Necrotizing EnteroColitis). Vu la difficulté de se procurer du lait humain, l’organisation de banques de lait maternel est indispensable. Mais comme ce lait doit subir des traitements avant d’être donné à l’enfant, on n’est pas sûr qu’il présente un avantage sur les préparations destinées aux prématurés. Dans un certain nombre d’études, en effet, le lait pasteurisé a été donné aux enfants sans avoir reçu de suppléments divers, ce qui rend difficile l’interprétation des résultats car ce n’est pas ce qui se passe dans la pratique quotidienne. Il faut donc développer de nouvelles études pour en savoir plus.

De nouvelles frontières

En abordant toutes ces questions, les orateurs du symposium ont véritablement élargi les connaissances sur le lait maternel et l’allaitement. De nouvelles frontières sont ainsi franchies. C’est une excellente chose car de plus en plus de mamans choisissent d’allaiter et sont conscientes de l’importance de ce choix. Nous sommes tous concernés par le soutien qu’il faut leur apporter et qui est nécessaire pour un allaitement réussi.

Alexandre Dereinne

Références:

D’après les communications au « 6th International Breastfeeding and Lactation Symposium » (Amsterdam, 15-16 avril 2011).


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