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Coeliaquie: l’éviction, seule solution!

La maladie coeliaque est une pathologie auto-immune déclenchée par l’ingestion de gluten, une protéine que l’on retrouve dans des céréales telles que le blé et le seigle. Au cours des 20 dernières années, le diagnostic de cette pathologie s’est considérablement amélioré. En revanche le traitement repose toujours sur l’éviction pure et simple du gluten de l’alimentation.

La maladie coeliaque est une pathologie auto-immune déclenchée par l’ingestion de gluten, une protéine que l’on retrouve dans des céréales telles que le blé et le seigle. Au cours des 20 dernières années, le diagnostic de cette pathologie s’est considérablement amélioré.

En revanche le traitement repose toujours sur l’éviction pure et simple du gluten de l’alimentation.

La coeliaquie ou intolérance au gluten est une pathologie auto-immune entraînant des lésions de la muqueuse de l’intestin grêle ainsi qu’une atrophie des villosités intestinales. Les conséquences directes de cette atteinte intestinale sont des troubles de malabsorption. L’adhésion à un régime sans gluten permet toutefois une amélioration clinique et histologique significatives en relativement peu de temps.

Une prévalence en augmentation

La prévalence de la maladie coeliaque a augmenté de façon spectaculaire au cours des dernières décennies. La raison de cette augmentation est en partie due au fait que les techniques de dépistage se sont considérablement améliorées, en particulier chez les sujets souffrant de symptômes légers ou atypiques.

Actuellement, cette pathologie toucherait environ un pourcent de la plupart des populations européennes. Mais la forte augmentation de la prévalence de la coeliaquie au cours de ces dernières années ne peut pas être expliquée par le simple fait que le dépistage est plus performant. Plusieurs études montrent en effet un accroissement réel de la prévalence. En Finlande par exemple, la prévalence à doublé en l’espace de 20 ans, passant de un à deux pourcents de la population.

Afin d’expliquer cet accroissement soudain, la piste de facteurs environnementaux devrait être privilégiée par rapport à des changements génétiques, compte tenu du fait que la prévalence de cette pathologie a augmenté sensiblement au cours d’une période relativement courte.

Symptômes

Les manifestations cliniques de la maladie coeliaque sont nombreuses et variées. La coeliaquie peut aussi bien être muette que provoquer une constellation de symptômes allant de la diarrhée chronique avec perte de poids à de l’anémie, de la fatigue extrême ou encore une dermatite herpétiforme.

L’intolérance au gluten a également été associée à certains troubles hépatiques. La manifestation la plus fréquente (20-40% des cas) est l’hypertransaminasémie avec modifications histologiques non-spécifiques visibles à la biopsie.

Les symptômes de la coeliaquie sont pratiquement identiques chez l’enfant et l’adulte. Cependant, chez les enfants, une attention particulière doit être apportée à la perte de poids, aux retards de croissances et au retard de puberté qui pourraient être le reflet d’une coeliaquie non-traitée.

Par rapport au tableau clinique, on distingue deux formes de coeliaquie: typique et atypique:
Symptômes de la Coeliaquie typique et atypique

Un seul traitement: l’éviction!

Une fois que le diagnostic a été posé avec certitude, le traitement repose sur l’éviction pure et simple du gluten dans l’alimentation. Il est donc important d’éduquer le patient coeliaque à la lecture des étiquetages nutritionnels et plus particulièrement de la liste des ingrédients qui doit légalement stipuler si le produit contient ou non des traces de gluten. Les céréales contenant du gluten sont le blé (ou froment), l’épeautre, le seigle et l’orge, ainsi que leurs dérivés, à l’exception de l’amidon à condition qu’il soit suffisamment purifié. L’avoine est quant à elle au centre des discussions. De nombreuses études ont en effet démontré son innocuité. Cependant, à cause du risque de contamination déjà lors de la récolte (pratique de la rotation des cultures ou des épis de blé peuvent pousser dans un champ d’avoine), mieux vaut donc rester prudent. De plus, certains cas rare d’intolérance à l’avoine ont également été reportés.

Il peut s’avérer difficile de se passer du gluten dans l’alimentation (pain, pâtes alimentaires, céréales pour petit-déjeuner, farine,...). Heureusement, il existe dans le commerce une gamme de produits certifiés «sans gluten» qui permet à la personne intolérante au gluten de mener une vie «normale». Une alimentation traditionnelle contient environ 20 grammes de gluten par jour. Un produit sans gluten doit en contenir moins de 20 mg par 100 gr ou moins de 10 mg de gliadine par 100 gr.

Amélioration en peu de temps

Le régime strict sans gluten, s’il est respecté, améliore et supprime les symptômes et les risques de complications et diminue le risque de maladies auto-immunes associées.

Sous régime, les symptômes disparaissent en l’espace de quelques jours à six mois tandis que les anticorps persistent généralement jusqu’à un an après avoir entamé le régime d’éviction, voir plus. La muqueuse intestinale retrouve quant à elle son intégrité totale (ou presque) endéant une année en moyenne (plus rapidement chez l’enfant que chez l’adulte).

La question de la tolérance est un sujet délicat. En effet, la tolérance clinique au gluten ne reflète pas nécessairement ce qui se passe au niveau de la muqueuse intestinale. De plus, la sensibilité peut varier individuellement voir même différer en fonction du moment.

Chez les personnes intolérantes au gluten mais asymptomatiques, on pourrait être en droit de se demander si un régime sans gluten s’avère nécessaire. Or, il est important d’entamer un régime d’éviction chez cette catégorie de personnes afin de prévenir l’apparition de symptômes et de complications. Un autre argument est que l’expérience sur le terrain a montré que certaines personnes se croyant asymptomatiques se sentaient beaucoup mieux après avoir entamé un régime sans gluten.

Adolescence: compliance difficile

La compliance au régime sans gluten est généralement meilleure chez l’enfant que chez l’adulte. Néanmoins, les interruptions de régimes sont légions lors de l’adolescence. Des études ont été réalisées à ce sujet et montrent diverses situations: soit les ados rechutent rapidement sur le plan clinique et reprennent le régime d’eux-mêmes, soit ils se sentent bien à long terme. Parmi cette deuxième catégorie, il y a ceux pour lesquels les biopsies montrent une rechute asymptomatique devant être traitée et ceux dont le prélèvement histologique montre une rémission qui peut durer plus ou moins longtemps. Enfin, dans un certain nombre de cas, il peut s’avérer que le diagnostic de départ ait été erroné.

Alexandre Dereinne

Références:

Kaukinen K, Lindfors K, Collin P, et al. Coeliac disease, a diagnostic and therapeutic challenge. Clin chem. Lab Med 2010; 48 (9): 1205-16.
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Article en anglais consulté en février 2011.

Jadoul G. Considérations générales sur la maladie coeliaque. Extraits de la conférence du Dr P. Gruselle lors de l’assemblée générale de la société belge de coeliaquie 2004.
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Article en français consulté en février 2011.


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